Histoire du gardien, de la tulipe et de la Lorelei

Trois semaines qu'elle se baladait à New-York. Trois semaines qu'elle aurait déjà du être à ce fameux institut. Enfin, si on voulait être plus juste, cela faisait deux ans et trois semaines très exactement.
Mais elle avait eut mieux à faire, en tout cas à son avis. Maintenant, elle était enfin décidée à y aller.
Comme toujours chez Lani, la moindre décision ferme était toujours sujette à tergiversations. Non pas qu'elle doutât d'elle, mais elle se demandait simplement si entrer dans cet institut n'allait pas la priver d'un certain nombre de choses.
Assise au beau milieu de la Pelouse-Interdit-D'y-Marcher-Dessus-Sous-Peine-De-Mourrir-Dans-D'attroces-Souffrances, et en pleine nuit, Lani haussât les épaules.

-"De toute façon, qu'importe le choix pourvu que j'ai l'ivresse !"

Elle éclatât de rire. Cette formule lui plaisait.
Elle se leva, cueillit une tulipe jaune et se mit à en machonner la tige. Puis elle retourna vers l'allée en fredonnant doucement.

-"Le pouvoir des mots est infini,
mais à quoi servent ces grelots si au vide je les dis ?
D'un son vide je te comble,
D'un mot je crée un monde !"

Lani se trouvait en forme ce soir, ses vers n'étaient pas si mauvais.
Quelque part dans son dos, le gardien qui était venu essayer d'atrapper la vagabonde qui pourissait ses massifs restait debout, immobile, les bras ballants, la bouche ouverte.


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